AccueilFestivalsRené Martin : "Le potentiel du Classique est énorme"

René Martin : « Le potentiel du Classique est énorme »

FESTIVAL – Le festival de la Roque d’Anthéron multiplie les initiatives pour capter un public nouveau. Quelques exemples après deux jours passés dans le célèbre festival de piano. 

« Nous allons pénétrer dans la forêt du Petit-Poucet. Attention! Maurice Ravel y a glissé quelques oiseaux et même… un coucou ». Naïri Badal, du duo de pianistes Jatekok, rejoint Adelaïde Panaget au piano du Festival de la Roque d’Anthéron pour jouer l’extrait de « Ma mère l’oie » de Ravel. Les enfants se tortillent sur les chaises de plastique de l’amphithéâtre monté chaque été dans le parc du château de Florans : ils ont reconnu les deux notes qui évoquent le coucou. Le voilà le nouveau public du festival ? On connait la chanson : les enfants sont souvent très sensibles à la musique classique. Une opinion que partage René Martin, le fondateur du Festival. « Une des chances dans la vie est de rencontrer la musique classique. On n’a pas toujours cette chance de rentrer dans un autre monde. Pour un jeune enfant c’est la plus belle école de l’écoute car les silences sont très importants. Cette musique est idéale pour former à l’abstraction. »

Duo Jatekok

Fort de cette conviction, le fondateur de La Roque programme des concerts pour les familles au tarif permettant à deux parents et deux enfants de venir pour un total de 20 euros. Ces concerts se teintent de pédagogie comme celui des Jatekok qui se conclura par un quizz (« Dans quel morceau peut-on entendre un glissando ? »)… à la grande joie des enfants. René Martin se défend de chercher à recruter le futur public de son festival : « Jamais ! Je fais la Roque pour moi, pour montrer ce qui se fait d’intéressant. » Une formule simple et pourtant magique puisque tous les festivals que crée René Martin se transforment en or.

La veille de ce concert du 6 août, dans la cour du Musée Granet à Aix, le pianiste italien Maurizio Baglini donnait une soirée originale autour du Carnaval, opus 9 de Schumann. Il jouait accompagné… d’un écran où était diffusée une création multimédia de Giuseppe Andrea L’Abbate. Le pianiste avait délicatement déblayé l’écoute de cet opus 9 en faisant entendre « Papillon » puis « Le Carnaval de Vienne » avec toute la dextérité et le talent possibles. L’italien – qui parle un français excellent – a ensuite commenté chacun des morceaux de ce Carnaval de Schumann en les liant au contexte de composition, un contexte politique qui fait écho à l’actualité de l’Europe. La vidéo de Giuseppe Andrea L’Abbate évoque la technologie qui envahit nos vies et nos villes, la gloire de l’Italie de la Renaissance, et les rudes architectures du temps du fascisme. Maurizio Baglini évoque la fin de règne de Berlusconi et fait rire la salle.

Ce dispositif piano et multimédia pourrait attirer un public plus jeune (30-40 ans) voire adolescent. « Il y a une musique pour chaque heure et pour chaque moment de la vie, affirme René Martin. A un jeune de 18-19 ans je ferais écouter du Schubert. L’important est de provoquer la rencontre. » Pourtant la jeunesse penche plus vers M Pokora que vers Prokofiev, sans parler de la difficulté d’amener des publics à un concert de musique contemporaine… A coeur vaillant rien d’impossible ! René Martin rétorque : « A la Folle journée de Tokyo, j’ai rempli une immense salle avec l’Ensemble Inter-contemporain. Il y a une façon de présenter cette musique, de défendre ces oeuvres. Je vais dans les radios expliquer comment écouter cette musique. La réussite ne repose pas que sur le programme mais sur un capital confiance, une atmosphère et un travail de terrain ».

Le terrain : René Martin ne le quitte jamais. Que ce soit dans les allées du parc de Florans à l’issue des concerts ou avec des jeunes de banlieue, à Nantes, à qui il propose une expérience mêlant le rap et le Winterreise de Schubert. Il mouille la chemise car rien ne se fait « si on ne s’engage pas », selon lui. On a envie de le croire quand il dit que « le public potentiel de la musique classique est énorme ». Si les ventes de disques chutent, si l’on craint de ne pas remplir la future salle de la Philharmonie à Paris, il suffit d’ouvrir les yeux devant le nombre incroyable de festivals et de concerts qui s’organisent l’été en France. Le chevalier René Martin n’a peur de rien : il met la musique du XXe siècle au coeur de la Folle Journée de Nantes en février 2014 :  » Je me concentre sur la musique des Etats-Unis, explique-t-il, de Charles Ives à la musique minimaliste (Glass, Reich, etc), un autre autour des compositeurs réfugiés aux Etats-Unis (Rachmaninov, Schoenberg, etc.), puis toutes les commandes des orchestres et formations américaines – je suis sans doute le seul à les avoir répertoriées ! – et enfin, le jazz, la comédie musicale, le negro-spiritual et la musique de film. « 

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