CONCERT – 3 questions à Eliane Lavail, chef d’orchestre et de choeur
Vous donnez « Paulus » de Mendelssohn. D’où vient votre amour des grandes œuvres?
Eliane Lavail : Déjà enfant j’adorais les grands oratorios et les grandes messes. J’ai fait « Le Messie » de Haendel à onze ans, en tant que violoniste, et j’en garde un souvenir fabuleux. J’imagine que c’est ce que des jeunes peuvent ressentir aujourd’hui devant les comédies musicales, avec leurs musiciens, leurs choristes et leurs chanteurs qui incarnent des personnages. C’est la même chose : « Paulus » raconte la conversion de Saint-Paul, un Juif qui persécute les Chrétiens avant d’entendre la voix du Christ sur le chemin de Damas. Le ténor François Rougier chante Paul converti, le choeur lance les faux témoignages contre les Chrétiens, une soprano est la voix du Christ, etc. Ce programme rassemble quatre solistes, l’ensemble vocal d’Aquitaine, le Choeur symphonique Polifonia et l’orchestre Aquitaine-Hauts-de-Garonne. Les bénéfices des deux concerts iront à la Ligue contre le Cancer de la Gironde, à laquelle nous avons pu verser 25 000 euros sur les cinq dernières années.
« Paulus » est-elle une œuvre romantique?
E.L. : Félix Mendelssohn-Bartoly (1809-1847) aimait beaucoup l’oeuvre de Jean-Sébastien Bach. Il copie la structure du XVIe siècle – le choral traditionnel comme dans « La Passion selon Saint-Matthieu » par exemple – mais donne à « Paulus » un vrai souffle romantique notamment dans les pages pour orchestre. L’Ouverture est digne d’une symphonie. Il y a dans « Paulus » un mélange de sacré et de profane. On l’entend de manière très nette dans les deux choeurs, celui des païens, des persécuteurs, et celui à la louange du Seigneur. C’est la particularité de « Paulus », qui peut s’expliquer par la vie même de Mendelssohn : un homme issu d’une famille juive convertie au christianisme, l’héritier d’une double identité.
Grande nouveauté : les spectateurs pourront garder leur portable ouvert…
E.L. : Oui ! Nous avons créé une application Polifonia pour smartphone. Outre les actualités du choeur, elle permet lors des deux concerts de suivre l’intégralité du texte chanté. Il faudra bien sûr veiller à ce que les portables soient en mode silencieux. Le texte reste traduit dans les programmes mais nous avons eu cette idée car nous savons que les spectateurs ne peuvent pas lire dans la pénombre et que nous ne pouvons installer de barre de sous-titre dans la Cathédrale Saint-André. Comme il y a des répétitions dans l’oeuvre, les spectateurs n’auront pas tout le temps le nez sur leur téléphone. Et puis c’est up-to-date (« à la page », ndlr) comme on dit !
Dimanche 29 septembre à 16 h et lundi 30 septembre à 20 h 30, Cathédrale Saint-André. 15, 25 et 28 €. www.polifoniael.org