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Quatuor Modigliani, les jeunes sages

COMPTE-RENDU – du concert à l’auditorium de Bordeaux du quatuor Modigliani dans un programme Schubert, Saint-Saëns et Dohnanyi.

Quelle bonne idée de mettre à l’affiche une œuvre du Hongrois Ernö Dohnanyi, moins connu que son compatriote Béla Bartók ! Ardent défenseur de la musique hongroise en tant que chef d’orchestre, Ernö Dohnanyi utilise le folklore avec parcimonie. Il apparaît en transparence dans son troisième quatuor, composé en 1926 lors d’un passage aux Etats-Unis, pays où il retournera après-guerre, ayant perdu ses deux fils dans la résistance contre le régime nazi. On trouve quelques accents énergiques glissés dans une pièce d’esthétique post-romantique proche de Schumann et Brahms. La fin du premier mouvement apporte néanmoins une « inquiétante étrangeté » (« Unheimlich » dirait Freud), signe d’une modernité naissante : des crescendos qui n’aboutissent pas, des accords dissonants non résolus. La fougue maîtrisée des Modigliani – en particulier le violoncelliste François Kieffer – y est parfaite pour souligner cette tension intérieure, cette vérité qui sort malgré elle du secret.

Spécialiste du quatuor à cordes, Bernard Fournier évoque au sujet de cette pièce une « lumière automnale » pour qualifier son lyrisme touchant et ses rythmes dansant. Cette formule irait beaucoup mieux au quatuor n°10 de Schubert, donné en ouverture de la soirée. Les quatre musiciens confiants offrent une version tenue. Dans les passages doux, joués avec une grande subtilité, on se dit que le Quatuor Modigliani à gagné en profondeur. Le Quatuor n°1 de Saint-Saëns, summum d’élégance musical à la française, est une formalité: les musiciens s’y savent à l’aise – en témoigne leur version au disque. Idem dans leurs joyeux bis : la Polka de Chostakovitch et Sérénade de Haydn/Hoffstetter. Souhaitons que de cette belle sagesse naisse à l’avenir une prise de risque, un répertoire plus audacieux.

Mardi 21 octobre à l’auditorium de Bordeaux.

 

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2 Commentaires

  1. Quelle chance d’avoir pu écouter ce magnifique quatuor Modigliani tout « en subtilité et profondeur » ! Je ne pouvais malheureusement pas y être.
    Par contre, souhaiter « que de cette belle sagesse naisse à l’avenir une prise de risque, un répertoire plus audacieux », je pense que c’est justement une prise de risque de proposer un tel programme à l’heure actuelle. Tout en sachant qu’ils ont à leur répertoire des compositeurs contemporains comme Steve Reich.
    Merci au quatuor Modigliani ! Continuez !

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