Douglas Boyd ©John Batten |
COMPTE-RENDU – Y a-t-il trop de musiciens à l’Orchestre National Bordeaux-Aquitaine ?! Cette question faussement naïve est hors de propos puisque c’est le répertoire qui commande, le plus souvent, le nombre d’interprètes sur scène.
Néanmoins, vingt jours après une 5e symphonie de Mahler lourde donnée par un ONBA trop grand pour bien se mouvoir, on ne peut que saluer l’initiative du chef d’orchestre Douglas Boyd de confier la 5e symphonie de Beethoven à une cinquantaine de musiciens seulement. Huit premiers violons, deux cors, trois contrebasses offrent la légèreté idéale pour entendre toutes les nuances, la douceur des pizzicati (cordes pincées), et pour bien préparer un superbe crescendo dans l’Allegro. Bien sûr, le nombre ne fait pas tout, et la direction de Douglas Boyd, transparente, précise – avec ou sans baguette ! – est un régal. Les musiciens sont engagés, souriants et leur musique n’en est que plus belle (saluons le pupitre des vents, Dominique Descamps en tête).
Engagé, expressif : le soliste Emmanuel Pahud l’est totalement. Il débute le concert au cœur de l’orchestre le temps de l’Ouverture de La flûte enchantée et se lève quand enchaine La Fantaisie sur le même opéra, pour prendre sans transition sa place de soliste. Dans cette Fantaisie comme dans le Concerto, son jeu est gracieux et tendre, virtuose sans excès. Il esquisse des petits pas de danse, « chante » avec sa flûte les grands airs de Sarastro ou Papageno, les héros de Mozart : Emmanuel Pahud est un opéra à lui tout seul ! L’auditorium, bien rempli, a applaudi à tout rompre. Un programme idéal pour ceux qui veulent découvrir la musique classique… Quelle chance, il est rejoué ce soir !
Mercredi 29 octobre à l’auditorium de Bordeaux. Concert redonné le 30 à 20h, auditorium. 8 à 35 €. 05 56 00 85 95. Article paru dans Sud Ouest du 30 octobre.