CD – Dans son nouvel enregistrement, « Polonia » (Dolce Volta), Pascal Amoyel donne une version profonde et touchante des Polonaises de Chopin.
Le pianiste classique Pascal Amoyel aime raconter des histoires. Cet hiver, il a régalé les Parisiens avec son spectacle « Le jour où j’ai rencontré Franz Liszt », alternance de théâtre, de confessions et des musiques qu’il joue au piano. « Polonia », son dernier disque, raconte aussi une histoire. Celle de Frédéric Chopin fuyant sa Pologne natale envahie par les Russes. Réfugié à Paris, Chopin compose des « Polonaises », en souvenir de son pays chéri.
Ses pièces virtuoses résonnent particulièrement dans le cœur du pianiste Pascal Amoyel, petit-fils d’émigré polonais fuyant les pogroms en 1929. « Ce sont des musiques du deuil et de la revendication », explique le pianiste qui en donne une version profonde et touchante. »si les Nocturnes sont un chant universel qui s’adresse à l’intime, les Polonaises sont un cri lancé aux hommes, un appel à la liberté. Le Chopin des Polonaises est le plus direct mais le piège est de transformer cette musique d’apparat en démonstration de la victoire. Il y a aussi beaucoup de contradiction, de nostalgie, une certaine fuite du réel. »
Pianiste d’une profonde spiritualité Pascal Amoyel est un grand professeur, un maître. « Le respect du texte de la partition n’est qu’un moyen, assure-t-il. Bien sur il y a le travail car le travail c’est la voie. Mais le seul respect à avoir est pour la source d’inspiration première. Sinon on idolâtre, comme les fanatiques avec le texte religieux. Mes élèves sont écrasés par cette contradiction. » Voilà sans doute pourquoi il aime tant Chopin : « Autant je pourrais me passer de Liszt mais Chopin non. C’est lui que j’emporterai sur une île déserte. A chaque fois je découvre quelque chose de nouveau dans sa musique. »
« Chopin, Polonia », Pascal Amoyel, (Dolce Volta). 20 €. Le 5 juin aux Théâtre des Bouffes du Nord.