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Reportage à Cracovie au festival Misteria Paschalia

FESTIVAL – La semaine de Pâques est un moment particulier à Cracovie, en Pologne : un moment de recueillement, de fête et de musiques avec le festival « Misteria Paschalia ». Chaque année des ensembles de musique classique viennent jouer et chanter les plus belles pages évoquant cette époque essentielle pour les Chrétiens. En 2017, pour sa 14ème édition, le festival inaugure une nouvelle formule : donnant désormais carte blanche aux artistes, il a choisi le chef d’orchestre Vincent Dumestre comme premier directeur invité. Celui-ci présente un programme ambitieux où se croisent découvertes et partitions célèbres, grands noms et jeunes talents. J’ai la chance de pouvoir assister à ce festival et je vous raconterai au jour le jour mes coups de cœur et mes découvertes.
Lundi 11 : en attendant le départ…
Je suis encore en France mais le Festival, lui, a déjà commencé. Pour me donner un avant-gout, je regarde à 19h55 la chaîne Mezzo qui retransmet en direct le concert du soir. Au programme : « Selva Morale e Spirituale » de Monteverdi par le Poëme harmonique en direct de l’Église Sainte-Catherine d’Alexandrie de Cracovie
Mardi 12 : pendant que je fais ma valise (il fait froid à Cracovie)
Je feuillette le programme qui m’attend : « Leçons des Ténèbres » de Charpentier, Jean Baptiste Gouffet et de Sébastien de Brossard. Ces Leçons des Ténèbres venaient ponctuer la semaine Sainte, celle qui prépare au « mystère pascal ». Pour ceux que le terme de « mystère pascal » n’évoque rien, je résume, en gros : comment un mec peut-il ressusciter et qu’est-ce que ça change ! Comme vous l’apprendra Wikipédia, les Leçons des Ténèbrent accompagnent les cérémonies nocturnes du jeudi saint (le jour où Jésus dine une dernière fois avec sa bande pote et celui qui va la trahir, Juda) et vendredi saint (celui de la Passion et la mort du Christ) et du samedi saint (celui où l’on fait silence car le Christ est mort). Jeudi 13 l’ensemble Pygmalion donnera sa Brockes-Passion, dont je vous ai déjà parlé. Et puis j’irai aussi écouter le Concert de la Loge, un jeune ensemble français que je ne connais qu’au disque.
Mercredi 13
Le Poème Harmonique a donné une première mondiale à Cracovie mercredi : « Il Terremoto » de Antonio Draghi. Cette œuvre étonnante, entre opéra et oratorio, sera redonnée en France en 2018. Il s’agit d’un « sepulchri », une œuvre musicale inspirée d’un sujet sacré – ici la Passion du Christ – donnée dans une église mais… mise en scène. Cela peut surprendre mais à Vienne dans ces années-là – 1682 – le roi Léopold, un mélomane et compositeur lui même, aimait proposer des choses avant-gardistes à son peuple. Draghi raconte la mort de Jésus, entourée de sa mère et de Marie-Madeleine et du « tremblement de terre » (« Il terremoto ») qui aurait suivi.
Pour la mise en espace, Vincent Dumestre a sollicité son copain Benjamin Lazar (leur « Bourgeois gentilhomme » éclairé à la bougie est devenu un incontournable des spectacles baroques). Ce dernier a utilisé le décor naturel de l’église Sainte Catherine de Cracovie et son énorme retable baroque.
La visibilité réduite, au milieu de l’église, m’a laissé tout à la musique… qui m’a pas mal ennuyée. En en parlant le lendemain avec Vincent Dumestre, j’ai compris que cette partition se trouvait à la croisée des chemins, entre des restes de madrigal et quelques anticipations furtives de la musique du XVIIIe siècle. J’ai été séduite par un duo de voix féminines – à noter qu’à l’époque femmes et hommes montaient sur scène contrairement à l’idée qu’on se fait souvent que les femmes étaient interdites de chanter dans l’église. J’ai été aussi agréablement surprise par l’utilisation d’infra-basses pour signifier le tremblement de terre : procédé théâtral qui semble un peu de la triche historiquement parlant mais très efficace !
ce spectacle gagnera énormément à être joué dans un théâtre, même si cela ne respecte pas ce qui était fait à l’époque. Les auditeurs de Vienne connaissaient l’italien. Ils n’avaient pas besoin de sous-titres. Ils connaissaient encore plus le texte biblique qui est chanté dans cette partition. Ce n’est franchement plus le cas des spectateurs d’aujourd’hui qui seront contents de comprendre un peu mieux le déroulement de l’histoire !
Crédit photos : W.Wandzel
Jeudi 14 avril
C’est une expérience que je recommande à tout mélomane : écouter les « Leçons des ténèbres » au milieu de la nuit, dans une église plongée dans la pénombre, jouées par d’excellents musiciens seulement éclairés par quelques bougies. Comme au festival Misteria Paschalia à Cracovie, vous serez plongés dans une atmosphère propice à l’écoute de ses pièces sublimes, écrites pour mener l’âme vers l’introspection. Entourée de trois musiciens, la soprano Claire Lefilliâtre a conduit avec émotion les partitions de Marc-Antoine Charpentier et De Lalande, « Leçons de ténèbres pour le vendredi Saint ». Ses interventions offertes avec une très belle conduite et une justesse remarquable, étaient ponctuées d’intervention de trois chanteuses a cappella. Il y a un moyen très simple pour juger si ce concert était superbe : les longues minutes de silence qui ont suivies l’extinction de la dernière bougie. Envoûté par la musique et la méditation, le public, je le crois, aurait pu rester là des heures à écouter « le silence qui suit ».
Crédit photos : B.Krezel
Vendredi 15 avril
Petit extrait d’un extraordinaire concert à Cracovie, à 135 mètres sous terre, dans l’église de la mine de sel de Wieliczka. Tout, des dalles au sol au lustre en passant par l’autel est fait de sel… Extraordinaire aussi de beauté grâce au Concert de la loge et la soprano Eduarda Melo, sublimes dans le « Stabat Mater » de Boccherini.

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1 COMMENTAIRE

  1. Toute oeuvre nouvelle nous surprend; rare est l’ennui, tant elle sollicite nos sens, mais peut-être que les papilles étaient déjà comblées par les bonnes nourritures terrestres de Cracovie!
    Draghi est une découverte vaillamment tentée. Le beau rétable gothique (vu de haut) campait le décor. je m’imagine, public, donc pas « noblement « placé, mais plongé dans l’histoire décrite avec les terremoto, et d’autres éléments et artifices si présents dans les oeuvres théâtrales baroques. A voir en 2018…
    Claude

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