AccueilInterpretesPhilippe Herreweghe : « Jusqu’à ce que je tombe »

Philippe Herreweghe : « Jusqu’à ce que je tombe »

INTERVIEW – Figure tutélaire et bienveillante du Festival de Saintes, le chef d’orchestre belge clôture cette édition 2017 avec l’Orchestre des Champs-Élysées samedi. L’occasion de revenir sur un parcours hors-normes de l’un des chefs de file du renouveau de la musique baroque.

Est-ce toujours un plaisir de revenir au Festival de Saintes ?
Oui ! Venir et travailler à Saintes est toujours émotionnellement important. J’y viens depuis 42 ans sans exception : ni maladie, ni guerre, ni religion ! (rires) Quand j’ai quitté la direction artistique du festival (en 2002, ndlr), j’ai demandé expressément de pouvoir y retourner pour diriger. Cela m’a permis une ouverture vers d’autres répertoires. A ne faire que du baroque, le risque d’enfermement est réel… et puis j’en ai eu marre de Bach ! Jouer Brahms ou les symphonies de Beethoven : c’est formidable ! Je suis très reconnaissant au festival de m’avoir permis cela.

Samedi, vous dirigerez la musique de la toute fin du XIXe siècle…
Hugo Wolf (1860-1903) est très peu connu des mélomanes. Ses Mörike-lieder, des mélodies sur les poèmes d’Eduard Mörike, ont été écrit pour voix et piano puis le compositeur a réalisé la transcription pour orchestre. J’ai choisi un chanteur allemand, Dietrich Henschel car, de façon générale, il est toujours bon qu’un chanteur saisisse la langue dans laquelle il chante. Pour la prononciation bien sûr mais aussi car il lui faut saisir l’esprit du texte, du romantisme allemand pour ces Lieder. Dietrich Henschel a une grosse culture littéraire. IL y a cependant quelques exception a cette règle : Damien Guillon est français mais la qualité de son allemand, dans J.S. Bach notamment, est irréprochable !

Cette fidélité au texte est au cœur de votre travail…
Oui. Je pense avoir transmis cela. A 20 ans, j’ai beaucoup appris moi aussi au contact de Nikolaus Harnoncourt (chef d’orchestre décédé en 2016, ndlr) et Gustav Leonhardt (claveciniste décédé 2012, ndlr). Les règles du jeu sont restées les même. D’abord : choisir des instruments adéquats pour le répertoire. Ensuite, opter pour une approche rhétorique dans laquelle le texte est central. La flexibilité du texte influence les notes. Toute la musique est définie par le texte et son émotion. Et enfin la danse… elle est toujours de près ou de loin présente dans ces musiques.

De jeunes ensembles de « la galaxie Herreweghe » la font perdurer, non ?
Sans doute… Ils se nourrissent d’influences et font leur propre synthèse. J’ai été parmi ceux qui ont défini cette approche, une approche dans laquelle un jeune chef peut avoir son approche personnelle. Cependant, j’éprouve toujours une sensation étrange quand je regarde des films de concert sur Youtube : je vois « mes » chanteurs… mais c’est un autre ensemble qui est à l’affiche… Ces jeunes peuvent-ils aller plus loin que nous ? Jusqu’à présent je n’ai jamais entendu un concert avec du J.S. Bach pendant lequel je me suis dit : « c’est novateur ! ». J’attends encore d’entendre ce que vont faire les Italiens avec leur musique ancienne.

Vous venez de fêter vos 70 ans. Songez-vous à la retraite ?
Cela m’étonne mais oui, j’y pense… Mais à choisir entre lire un livre au bord de la piscine – j’en ai une magnifique en Italie ! – et donner un concert : mon choix est vite fait ! Les chefs, contrairement aux instrumentistes, n’ont pas le problème de la résistance physique. La direction d’orchestre est uniquement mentale. Je jouerai jusqu’à ce que je tombe.

Documentaires et rencontre au Gallia
Pour mettre à l’honneur le grand chef d’orchestre Philippe Herreweghe, le cinéma Le Gallia diffuse deux documentaires en écho au Festival de musiques de Saintes. Le vendredi 21 juillet à 16h « Et le verbe s’est fait chant », un portrait du maestro. A l’issu de la séance, vers 17h, Philippe Herreweghe se prêtera au jeu des questions. Le débat sera animé par la musicologue Hélène Decis. Samedi 22 juillet à 16H, quelques heures avant le concert de clôture, le Gallia diffusera la captation du « Requiem » de Fauré dirigé par Philippe Herreweghe en avril 2002 aux Académies musicales de Saintes (ancêtre du festival) et capté à l’époque par la chaîne de télé Arte. Entrée libre pour les deux séances.

Samedi 22 juillet à 19h30, abbatiale. 8 à 49 euros. Places à 1 euro pour les moins de 18 ans accompagnés d’un adulte. www.festivaldesaintes.org et 05 46 97 48 48.

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