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Compte-rendu : « Rire barbelé », on peut rire de tout…

COMPTE-RENDU – En 1943, Germaine Tillion, déportée dans le camp de Ravensbrück pour résistance, y « compose » Le Verfügbar aux enfers, une opérette qui met l’univers concentrationnaire à distance. La metteuse en scène et comédienne Charlotte Costes-Debure réadapte ce texte essentiel dans Rire barbelé.

Monter Le Verfügbar aux enfers est un défi. L’œuvre n’est pas faite pour la mise en scène. Quand la résistante Germaine Tillion, cachée par ses codétenues du camp de Ravensbrück, « compose » cette opérette, elle ne signe pas un acte artistique. Elle est animée d’une conviction, d’un trait de génie : pour survivre à l’horreur, il faut la mettre à distance.

Sept déportées racontent la vie des « Verfügbar », ces prisonnières politiques, corvéables à merci, privées de tout, sauf de solidarité et d’imagination. Une « naturaliste » (Tillion était ethnologue) donne une conférence sur ce « Verfügbar », bestiole de la famille des gastéropodes… « de gastéro : le ventre et de pode : le pied… puisqu’il a l’estomac dans les talons »…

Monter Le Verfügbar aux enfers est un défi et, dans Rire barbelé, adaptation d’une heure de ce texte extraordinaire, la metteuse en scène et comédienne Charlotte Costes-Debure trouve le ton juste. Le texte de Tillion n’est ni poétique ni politique. Il est fait avec les moyens du bord : des touches d’ironie, beaucoup de pudeur et un peu d’espoir. « Vous vivez comme des moutons le nez dans votre touffe d’herbe sans rien vouloir savoir », écrit Germaine Tillion.

La résistante ajoute à son opérette quelques pièces du répertoire : la « Chanson triste » de Duparc, « La mort et le bucheron » de La Fontaine, « Au clair de la lune », etc. Le titre fait référence à Orphée aux enfers d’Offenbach, une opérette légère et moqueuse, quelle ironie ! Décors, gestes, chants et costumes de « Rire barbelé » suivent cette simplicité. Germaine Tillion ose se moquer d’elle-même et de ses « sœurs », ose chanter l’extermination, ose rire de l’inhumain. La mise à distance est l’un des ressorts du rire. Le spectateur a le droit de rire, le devoir même. Il faut entendre, il faut voir «Rire barbelé pour honorer l’acte de résistance qu’il représente.

Vu le 12 mars à La Grande Poste à Bordeaux. Prochaine date : e 31 août 2019 au festival de  Barjac , en Lozère.

En savoir plus : https://www.toutetversa.com

Lire également : Germaine Tillion : le camp, l’opérette et la résistance

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