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LES NOUVEAUX MECENES

REPORTAGE – Financer un projet culturel, une grande école ou un hôpital n’est plus réservé aux grandes fortunes. Tout le monde s’y met !

«La philanthropie a le vent en poupe. La crise pousse à une remise en cause d’une vie tournée vers l’argent», explique François de Mazière, directeur de la Cité de l’architecture. Non seulement les Français sont de plus en plus généreux envers les « bonnes œuvres » mais ils s’impliquent à présent directement dans le mécénat culturel. Le Louvre l’a vérifié l’année dernière quand 5000 particuliers ont financé l’achat des Trois Grâces du peintre L. Cranach (1531). Cette mobilisation sans précédent est une démonstration du nouveau visage du mécénat depuis 2003.
2003 ? Date de l’adoption de la loi Aillagon mettant en place «le dispositif fiscal le plus incitatif au monde pour le don», selon François de Mazière, qui a porté cette réforme en tant que conseiller auprès du Premier Ministre de l’époque. «Il existait déjà les Sociétés des amis, analyse Alexandre Martini, Directeur délégué d’Optimus, agence de conseil dédiée depuis 22 ans à la collecte de fonds. Mais elles étaient limitatives, sur adhésion et à prix fixe. Elles s’inscrivaient dans une tradition, une logique de donateurs. La loi a permis la sollicitation du spectateur fidèle, l’ancien d’une grande école, un ancien patient d’un hôpital… l’ensemble des populations qui ont fait l’expérience de l’institution, soit un potentiel non négligeable de collecte, entre 75 et 80 % des individus.»
Commanditantes d’une oeuvre de Dusapin
Les entreprises culturelles se lancent ainsi dans des opérations nouvelles. Le Théâtre des Bouffes du Nord a procédé à un appel aux particuliers pour financer en novembre dernier O Mensch !, création du compositeur contemporain Pascal Dusapin. «Avec Fatine Layt, présidente de notre Cercle des Partenaires des Bouffes du Nord, nous cherchions à financer des projets de manière originale, explique Olivier Mantei, directeur du Théâtre. Nous avons proposé à 27 mécènes de devenir commanditaires de l’œuvre de Dusapin.» Moyennant 3000 € (soit 1020 € après déduction fiscale de 66% pour les particuliers), des «monsieurs-tout-le-monde» sont devenus mécènes et dédicataires d’une œuvre entrant au répertoire de la musique classique. Pour marquer le coup, ils reçoivent un livre d’art unique (un exemplaire personnalisé et numéroté de la partition, annotée par le compositeur), des invitations aux répétions, à la création et à un autre spectacle de la saison. «Ces mécènes participent à une aventure historique avec un investissement accessible et des cadeaux» qui atteignent la valeur finale du don. »
Les citoyens lambda financeront-ils, demain, la culture ? «Non», répondent en chœur les directeurs : «Il ne s’agit pas de substitution mais de complément, analyse Olivier Mantei. S’il n’y avait pas l’Etat, on changerait le projet du théâtre. Et cette action, ponctuelle, n’est possible que parce que le compositeur était totalement impliqué.» «Ça ne remplacera pas l’aide publique, c’est une évidence, renchérit François de Mazière. Avec ce que nous donne l’Etat, nous mettons les institutions en ordre de marche. Les expositions se financent sur les entrées. Le mécénat nous permet d’aller plus loin, d’être plus libre.» À l’image de la «Suite», un espace de la Cité de l’architecture entièrement dédié au Mécénat, ancien appartement de fonction situé au dernier étage du Palais de Chaillot, avec vue unique sur la tour Eiffel. Chaque année, sous l’impulsion d’un média (ELLE Décoration), un grand créateur (Jean-Paul Gauthier, Christian Lacroix, etc.) rhabille le lieu, grâce au financement d’une entreprise de décoration d’ameublement ou de BTP. La Suite peut ainsi être louée pour des soirées exceptionnelles. «Le projet initial de la cité était de s’ouvrir au monde de l’économie, traiter du passé comme du présent de l’architecture », rappelle François de Mazière. Les mentalités ont changé, la rupture entre monde de la culture et monde économique est moins net qu’avant. Ce n’est plus déplacé de financer la culture.»
O Mensch !, sera donné le 18 novembre 2012 à L’Arsenal de Metz, le 25 à l’Opéra de Rouen, le 12 décembre à l’Opéra de Reims, et le 30 avril à La Criée à Marseille.
Photo : Première page de la partition de O Mensch ! © Editions Salabert / Universal Music Publishing Classical
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