AccueilInterpretesPhilippe Entremont, l'art de la formule

Philippe Entremont, l’art de la formule

PORTRAIT – Le grand pianiste et chef d’orchestre français donnait un récital au Moulleau à Arcachon. Rencontre.
Il aime à répéter qu’il est « le plus grand des jeunes pianistes » mais à 79 ans, Philippe Entremont est avant tout un musicien plein d’humour. Du jeune pianiste, il a gardé l’émerveillement devant la musique et l’envie toujours vive de jouer. Il sera ce soir à l’église Notre-Dame des Passes du Moulleau, à l’invitation des Escapades musicales, festival international de musique classique. Il y jouera Mozart, Beethoven et plusieurs œuvres de Chopin, des pièces « accessibles, fédératrices », qu’il a choisies dans son très large répertoire, lui qui a enregistré plus d’une centaine de disques, comme pianiste et chef d’orchestre. Et pourtant « ce n’est pas facile de choisir !, concède-t-il. J’ai conçu un programme estival. Avec Chopin on ne se trompe pas mais attention, ces œuvres archi-connues… il faut bien les jouer ! » Pour celui qui a débuté sa carrière dans les années 1950, avec notamment le Premier prix du Concours Marguerite Long, pas de lassitude : « Si on est un véritable artiste, on ne joue pas deux fois de la même manière. J’ai enregistré l’intégrale des pièces de Ravel il y a trente ans, puis une nouvelle fois il y a 5 ans… Ca n’a rien à voir ! » Il vient à Arcachon qu’il a bien connu « à l’époque ou la vie s’arrêtait aux Abatilles ». A une table de la très chic Co(o)rniche avec un verre de rosé, il s’amuse de revoir ce coin qu’il a connu jadis à peine construit. « Il a y des odeurs de pins que je ne retrouve pas », mais la vue, elle, est toujours aussi belle. Hier, il a joué au Pyla avec le violoncelliste Pejman Memarzadeh , directeur artistique du festival. Leurs familles sont amies de longue date : « je viens à Arcachon pour jouer avec lui. Je joue rarement pas amitié… car je n’ai pas beaucoup d’amis », ironise le pianiste qui a connu les plus grands chefs : Leonard Bernstein, Seiji Osawa ou encore Pierre Boulez. Bientôt il publiera ses souvenirs, non pas ceux d’une carrière extraordinaire mais ceux d’un observateur piquant de la vie musicale. Il ne décolère pas de l’absence de la ministre de la culture lors des obsèques de Henri Dutilleux (mort le 22 mai dernier), « le plus grand compositeur français » de la deuxième moitié du XXe siècle. Quelques minutes lui ont été consacrées à la télévision – sans faire entendre une note de sa musique – et la presse ne lui a consacré que quelques lignes. « Jamais cela n’aurait eu lieu en Allemagne, s’exclame Philippe Entremont, ni même aux Etats-Unis pourtant si critiqués ». Sur l’industrie du disque moribonde, la médiatisation qui pousse puis brise les talents, sur les « magnifiques machines » du piano, il est intraitable et a cette formule géniale : « tout le monde joue bien mais il y a aussi peu de talents qu’avant ! ».
Samedi 13 juillet, 21 h, église du Moulleau. Concert complet. www.lesescapadesmusicales.com/
Article paru dans Sud Ouest.
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