COMPTE-RENDU : Baume chinois. La pianiste Zhu Xiao Mei a ouvert le quatrième festival l’Esprit du piano à Bordeaux avec les « Variations Goldberg », son tube, l’oeuvre qui l’a révélée au grand public. Ce qui noue Zhu Xiao Mei aux « Variations Goldberg » de Johann-Sebastian Bach est exceptionnel. La pianiste chinoise les a jouées des centaines de fois en récital. Pourtant, elle n’aborde pas ce casse-tête musical en conquérante. La première variation, aux pianissimi sidérants, engage l’interprète comme l’auditeur dans une heure captivante, sans temps mort et pourtant tellement apaisante. Les mains de Zhu Xiao Mei sont fermes et profondes dans les graves, délicates dans les fins de phrases ou encore sautillantes comme des écureuils sur le clavier… et quelle maîtrise du contrepoint ! Le bis qu’elle a donné – une transcription d’une mélodie populaire chinoise contemporaine de Bach – le confirme. Dans les Goldberg, ses mains semblent répondre aux ordres de la partition. Impossible d’imaginer un relâchement entre deux variations : les modulations appellent les suivantes, le cycle se déroule, le souffle continue. De l’oeuvre ou de la pianiste, qui possède l’autre ? Le public a laissé au silence plusieurs secondes avant d’applaudir longuement l’humble interprète. On connaît cet opus BWV 988 et son enregistrement de 2007, mais on reste fasciné par ce que Zhu Xiao Mei dit encore de ces « Variations Goldberg », mythiques et thaumaturges.