COMPTE-RENDU – ARTE concert rediffuse le magnifique spectacle Davide Penitente donné pour l’ouverture de la Mozart Woche à Salzbourg en janvier 2015. Marier la musique de Mozart aux pas de danse des chevaux de Bartabas : un pari réussi.
A quoi tient qu’un spectacle réussit à émerveiller ? Peut-être à un mélange subtile entre tradition et exception. C’est en tout cas le pari que le chef d’orchestre Marc Minkowski a lancé ce jeudi en ouverture de la Mozart Woche, le festival qui fête l’anniversaire de Mozart à Salzbourg, dont il est le directeur artistique. Il a eu l’idée de faire venir Bartabas, ses chevaux et ses cavaliers de l’Academie équestre de Versailles pour investir la Felsenreitschule, une bâtiment transformé en salle de concert il y a cent ans mais qui abritait jadis un manège équestre !
Forcément, « l’âme du lieu résonne », constate Bartabas… mais le merveilleux du spectacle tient aussi à une mise en scène originale de cet espace qui accueille des opéras pour le festival d’été de Salzbourg : la scène devient le manège oú les chevaux trottent et galopent au rythme de Davide Penitente de Mozart. Il ne restait aux Musiciens du Louvre, aux chanteurs du Salzburger Bachchor et aux trois solistes qu’à se glisser dans une des niches de cette salle incroyable, des niches creusées dans la montagne protégeant Salzbourg. Quel défi pour le chef Marc Minkowski, placé en bord de scène, qui dirige ses troupes éparpillées !
Toutes les forces musicales réussissent un travail excellent. Contre toute attente, le petit bémol vient du côté de la soliste Christiane Karg qui ne semble pas à la hauteur de ses deux collègues, la mezzo Marianne Crebassa au timbre profond extraordinaire et le ténor Stanislas de Barbeyrac, lui aussi majestueux. Il est peu probable que la réputation de la soprano Christiane Karg soit usurpée donc blâmons l’acoustique des niches de pierre, sans doute peu favorables aux voix plus légères. Marc Minkowski réussit à doser le juste équilibre sonore, sans forcer le volume de peur d’effrayer les chevaux mais sans non plus que la musique de Mozart ne serve de « bande-son à un spectacle équestre », selon ses mots plein d’humour.
On ne sait plus à quel sens se vouer : aux yeux émerveillés par la beauté des chevaux aux robes de couleurs blanches et taupes, assorties à la pierre, par leur souplesse de danseurs quand ils exécutent des petits pas, par leur force quand ils trottent dans un quadrille pétillant. Oú alors aux oreilles subjuguées par la délicatesse de cet oratorio qui reprend des pages de la grande Messe en ut mineur. La fusion entre musique et mouvement se fait naturellement grâce au rythme structuré et au contrepoint : on a le sentiment que la musique vient pénétrer le corps de la cavalière qui par l’émotion ressentie engage alors son cheval à se mouvoir. Toutes les créatures de la nature dansent.
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