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Rencontre avec le pianiste Simon Ghraichy

COMPTE-RENDU  – Découverte à Biarritz du jeune pianiste Simon Ghraichy qui a donné au Festival Piano Classique un récital superbe, touchant, intelligent. Bref un gros coup de coeur.

Les lecteurs de ce blog savent que j’ai un péché mignon : la « Sonate en si mineur » de Liszt. Cette œuvre titanesque pour piano seul possède à mes yeux une source inépuisable de richesses. Il faut de grandes qualités pour l’aborder, et de la maturité… Aussi étais-je très curieuse quand j’ai fait la rencontre de Simon Ghraichy, jeune pianiste de 30 ans qui a fait de la Sonate de Liszt son credo. Il s’est présenté au monde musical en l’enregistrant en 2015 chez le label Challenge Classics : un disque superbe (voir encadré). Du coup j’ai eu envie de l’entendre « en live »…

Le 4 juillet, au Festival Piano Classique de Biarritz, il donnait « sa » sonate, précédée d’une série de Lieder de Schubert transcrits par Liszt : « Lor der Thranen », « Standchen » et « Auf de Wasser Zu Zingen ». Les deux derniers sont des « tubes » du piano et j’ai eu maintes fois l’occasion de les entendre… Pourtant, dès les premières mesures, les larmes me sont montées aux yeux. Vivre un tel instant de bonheur et de nostalgie – les larmes sont les filles de la joie comme de la tristesse – est le plus beau des cadeaux pour un(e) mélomane. C’est rare. Ca vous prend par surprise. Une fois les larmes séchées, je m’interroge : pourquoi ce jour-là ? Est-ce le charme du lieu ? Le Casino Bellevue de Biarritz avec sa vue sur l’océan rappelle une délicieuse Belle-Epoque qui sent bon l’argent chic et les bains de mer des grands de ce monde. Est-ce l’ambiance sympathique de ce festival ? Piano Classique à Biarritz, dirigé par Thomas Valverde, ne sacrifie rien  : une programmation intelligente, un très bon piano bien accordé, tout en gardant la simplicité d’un jeune festival de sept ans. A moins que ce ne soit, avant tout, le talent de Simon Ghraichy ?

Chez Simon Ghraichy, il y a d’abord la générosité et l’enthousiasme d’un jeune pianiste qui arrive devant ses spectateurs avec le sourire de l’artiste comblé, heureux de partager sa passion. Puis il a la maîtrise d’un pianiste parfaitement formé (Académie Sibelius de Helsinki, Conservatoire de Paris avec Michel Béroff, entre autres). Il a la délicatesse et la profondeur idéales dans les Lieder de Schubert. Le toucher est précis et souple, permettant aux vagues musicales de se dérouler avec un naturel confondant. Côté biographie, le jeune Simon est un genre de cocktail culturel peu banal. Maman mexicaine, papa libanais, culture française et études aux Etats-Unis. Côté look il est plutôt le petit frère de Nemanja Radulovic, le pantalon moulant en cuir en moins. Il opte pour un costard prune élégant qui prouve son goût du détail.

Et puis il y a cette Sonate, un monstre, un cap, un pic ! Simon Ghraichy réussit un tour de force dans cette pièce : faire entendre tous les personnages (Faust, Méphisto et Marguerite qui ont chacun leur thème), gérer les changements constants de rythme et de caractère de ce petit théâtre de poche qu’est la Sonate en si. Outre une grande capacité d’analyse musicale, Simon Ghraichy prouve qu’il a les moyens de ses ambitions.

Il a régalé l’assistance de bis originaux tirés du répertoire sud-américain : des danses du compositeur cubain Ernesto Lecuona y Casado et « New York Skyline » de Heitor Villa-Lobos.

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« DUELS », par Simon Ghraichy
©Antonin AMSorti fin novembre 2015 chez « Challenge Classics », « Duels » rassemble la Sonate en si mineur de Liszt,  les « Kreisleriana » Op.16 de Robert Schumann et la transcription par Liszt de l’Allegretto de la 7e symphonie de Beethoven. Des Duels ? Entre Liszt le virtuose et le Schumann qui dut renoncer à sa carrière de pianiste. Entre deux romantiques qui jouent chacun à sa manière de la virtuosité et de la profondeur. Un très beau programme, très ambitieux pour un pianiste de 30 ans qui relève le défi avec panache et sincérité. Simon Ghraichy ne choisit pas ce programme à la légère : la Sonate de Liszt l’accompagne depuis l’enfance. Il a longtemps attendu avant de la jouer et de l’enregistrer. Là où d’autres pianistes font entendre le conflit – la sonate de Liszt conte l’histoire de Faust tenté par le diable – Ghraichy arrive à donner corps au troisième personnage de cette sonate : Marguerite ! D’une valse diabolique, on passe à un trio sorti d’un opéra : Ghraichy fait entendre l’amour, la valse des sentiments, sans perdre la tension dramatique. Le jeune pianiste prépare un nouveau disque qui paraîtra en 2017 chez Deutsche Grammophon.

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