AccueilCompositeurs.tricesHenriette Renié (1875-1956), reine de la harpe

Henriette Renié (1875-1956), reine de la harpe

COMPOSITRICES – Les femmes créatrices de musique, et de belle et grande musique, existent : la preuve avec Henriette Renié (1875-1956) et son trio pour violon, violoncelle et piano ou harpe.

Pourrait-on imaginer un point commun entre Gabriel Fauré et Harpo Marx des Marx Brothers ? Henriette Renié fût à la fois une harpiste de génie, une pédagogue internationalement reconnue et une compositrice que l’on redécouvre aujourd’hui. Plusieurs hommages à cette virtuose de la harpe et compositrice romantique se succèdent en ce début d’année 2018, que ce soit celui d’Emmanuel Ceysson (lire ici la critique du disque) ou celui du jeune Trio Nuori. Mais qui est donc Henriette Renié ?

« C’est une grande dame au cœur chaud et à la tête froide », résume Flore Merlin, pianiste du Trio Nuori, qu’elle a créé en 2009 avec Vincent Brunel (violon), Aude Pivôt (violoncelle). Leur deuxième CD du Trio Nuori, paru chez Ligia, met à l’honneur la musique de chambre de Henriette Renié. « Elle était une grande compositrice. Ses œuvres s’inscrivent dans un romantisme certes peu novateur pour l’époque mais ont l’intelligence de la structure et une beauté mélodique qui peut faire penser à Fauré, Franck ou Grieg ».

Formée d’abord au piano, Henriette Renié découvre la harpe à 8 ans. Elle intègre le conservatoire de Paris à 9 ans et reçoit le premier prix à l’unanimité à 12 ans… Henriette Renié devient l’assistante de son professeur, Alphonse Hasselmans. Un temps fâché avec celle-ci, il la soutient pourtant pour qu’elle lui succède, après avoir été émerveillé par un concert de son ancienne élève. Il se raconte qu’Hasselmans s’écria après le récital et avec moult harmoniques dans la voix : « Tu as eu des pouces ! ». Cette expression se comprend lorsque l’on sait que ces doigts sont ceux utilisés pour faire ressortir une mélodie particulière d’une composition dédiée à la harpe.

« Elle était une grande compositrice. Ses œuvres s’inscrivent dans un romantisme certes peu novateur pour l’époque mais ont l’intelligence de la structure et une beauté mélodique qui peut faire penser à Fauré, Franck ou Grieg »

Flore Merlin, pianiste, Trio Nuori

Et pourtant, Gabriel Fauré, alors directeur du conservatoire de Paris ne nomma pas Renié au poste désiré. Flore Merlin s’interroge sur les raisons de ce choix : « Être professeur au conservatoire de Paris est très prestigieux. Il est probable que sa condition de femme ait joué en sa défaveur. Il se dit aussi que ses opinions religieuses très marquées ne plaidèrent pas en sa faveur, quelques années après la promulgation de la loi de séparation des églises et de l’État. » Difficile d’en savoir plus : peu d’archives concernant Henriette Renié sont actuellement consultables. Toujours est-il que ses talents d’interprète et de pédagogue lui valurent une reconnaissance internationale et des élèves éclectiques, du harpiste Marcel Grandjany à l’acteur comique Harpo Marx (photo ci-contre).

« Être professeur au conservatoire de Paris est très prestigieux. Il est probable que sa condition de femme ait joué en sa défaveur »

Flore Merlin
« Liszt de la harpe »

Femme célibataire sans enfant, Henriette Renié était une femme dédiée à son art, une professeure généreuse, une compositrice éclectique. Elle compose des morceaux pour harpe seule dont elle a pendant de nombreuses années été la seule interprète, étant donné le niveau technique nécessaire pour les exécuter. C’est de là que vient un de ses surnoms, la « Liszt de la harpe ». Henriette Renié a également écrit des œuvres de musique de chambre, œuvres qui sont à l’honneur du deuxième CD du Trio Nuori. Particularité de ce disque aussi rare que passionné : l’absence de harpe, remplacé par le piano dans deux des trois œuvres interprétées. « Le trio pour violon, violoncelle et harpe ou piano a été composé pour ces deux instruments, précise Flore Merlin. Bien que la harpe et le piano ne se ressemblent pas tant que ça, la compositrice les maîtrisait tous les deux et cela se voit : quel plaisir de jouer au piano ce trio ! Les notes tombent sous la main, et le piano peut exprimer toutes ses couleurs. »

Au disque : Henriette Renié, Musique de chambre, Trio Nuori, paru chez Ligia le 23 mars 2018 avec la Sonate pour violoncelle et piano (enregistrée ici en première mondiale), la Pièce symphonique pour harpe interprétée au piano et le Trio pour violon, violoncelle et harpe ou piano, enregistré pour la première fois dans sa version pour piano.
Retrouver le trio Nuori les 7 et 8 juillet à Rompon en Ardèche pour les « Concerts de l’Offrande musicale ».

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