AccueilCritiquesVêpres imaginaires de Pygmalion : quatre théorbes sur scène !

Vêpres imaginaires de Pygmalion : quatre théorbes sur scène !

COMPTE-RENDU – Le chœur et l’orchestre de l’ensemble Pygmalion dirigés par Raphaël Pichon ont présenté ce mardi 2 mars sur la scène de l’Auditorium de Bordeaux leur Vêpres imaginaires, réunissant des œuvres de plusieurs compositeurs de l’Allemagne baroque.

Bach est certes le compositeur le plus connu pour ce qui est des chants liturgiques allemands. Pourtant, avant Johann Sebastian, des musiciens s’y étaient déjà illustrés, dès la parution des textes théologiques de Martin Luther. En 1523, le grand réformateur de la religion chrétienne donne à la musique une place essentielle dans l’Église. Lui-même musicien, Luther rédige des commentaires de la Bible et compose des chants (des chorals) en allemand afin d’être compris par tous. Ces mélodies faciles à apprendre par les croyants représentent une source d’inspiration extraordinaire pour les compositeurs, entre culture populaire et technique musicale au service du culte.

Ainsi, Ludwig Senfl (1486-1543) fut le premier à écrire des chorals polyphoniques. Michael Praetorius, plus tard (1571-1621), sera tiraillé entre art italien et religion protestante, apportant à son œuvre des procédés de l’écriture polychorale, en vigueur à Venise. Cette écriture mixte sera encore exploitée par son ami Heinrich Schütz. Ces compositeurs étaient ceux à l’affiche de la tournée de Pygmalion, intitulée Vêpres imaginaires. Nous nous rendons donc, ce lundi 2 mars, les oreilles prêtes à voyager dans une Allemagne protestante teintée de couleurs vénitiennes.

Notre cœur est partagé à l’écoute de la prestation. D’une part, nous sommes conquis. En effet, le O Jesu (Schütz) chanté par le contre-ténor William Shelton séduit. Sa voix cristalline et gracieuse accompagnée de deux luths et une harpe nous transporte. Le consort de violes (Sinfonia, Heinrich Albert) rappelle que la liturgie n’était pas réservée à la voix, mais pouvait aussi passer, comme ici, par l’archet délicat de l’instrument. À saluer également, la prestation des deux sopranes du chœur, qui ont su remplacer au pied levé Maïlys de Villoutreys, souffrante.

Néanmoins, émettons quelques doutes. L’orchestre est très fourni sur scène : quatre trombones, quatre théorbes, six basses d’archet, deux orgues … sans oublier la vingtaine de chanteurs. Peut-être un peu trop pour le répertoire qui appelait plutôt une formation vouée à retranscrire le recueillement, le repli et l’intime croyance en Dieu que porte le message des textes. De plus, nous ne nous sommes pas laissés portés par la voix du baryton Tomas Kral, pourtant rompu au répertoire allemand qu’il chante souvent avec les Vox Luminis de Lionel Meunier. Quoiqu’il en soit, l’ensemble a été largement salué par le public bordelais qui chérit Raphaël Pichon depuis quelques années maintenant !

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