PLAYLIST – Avec Voice of Hope, son dernier disque, Camille Thomas entend porter un certain chant d’espoir. Le monde en ayant bien besoin, la violoncelliste nous livre une playlist généreuse et dynamique. Une playlist à retrouver sur notre chaîne YouTube et sur Spotify.
Même si une partie de ses ascendances sont belges, il y a chez Camille Thomas une indubitable french touch, qui va de son amour pour la musique française à sa formation à Paris, en passant par les choix impeccables de ses robes de concerts ! Mais son violoncelle, lui, a une voix aux accents allemands, voire russes. Et son tempérament optimiste la verrait plutôt du côté des Amériques !
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C’est sans doute ce mélange qui fait qu’elle a tracé son chemin, en devenant notamment, en 2017, la première femme violoncelliste à signer pour le prestigieux label Deutsche Grammophon. Son dernier disque, sorti en pleine crise du coronavirus, s’intitule Voice of Hope et rassemble le Kaddish de Ravel, la Lamentation de Didon de Purcell (arrangée par Mathieu Herzog) et Never give up, le Concerto pour violoncelle que le compositeur turc Fazil Say a écrit pour elle, en réponse aux attentats d’Istanbul et du Bataclan à Paris. Ce disque résonne naturellement avec la fureur que subit notre monde.
Dans sa playlist, Camille Thomas nous livre ses coups de cœur musicaux, les artistes qui lui ont donné envie de faire ce métier, et les oeuvres qu’elle emporterait sur une île déserte… Laissons-lui la parole…
Sir Edward ELGAR, Concerto pour violoncelle
« Jacqueline Du Pré jouant le concerto pour violoncelle d’Elgar ; un de mes premiers souvenirs de fascination musicale. Enfant, j’ai regardé ce film des centaines de fois, émerveillée par la joie et l’amour qui émanaient de sa personne, et tentant de comprendre comment il était possible de créer tant de beauté avec un violoncelle. Un des moteurs absolu de ma vocation.
Jacques BREL, Jef
Mes parents sont belges et nous écoutions Jacques Brel quand nous partions à l’aventure en voiture, en famille, l’été. Plus tard, j’ai découvert ses vidéos live et ça a été un véritable choc. Je suis toujours bouleversée de voir cet homme transcendé par sa musique et son texte, au point de devenir la chanson qu’il interprète, de se donner totalement, avec son corps et son cœur, sur scène, à son public. J’adore cette chanson Jef, déchirée entre déchéance, alcoolisme, espoirs déçus et rêves inarrêtables.
Giacomo PUCCINI, Vissi d’arte, extrait de Tosca
Maria Callas : LA Callas. Parce qu’elle est tout pour moi. Inspiration, modèle, une femme si forte et si fragile à la fois, et que je ne peux pas regarder cette vidéo sans pleurer. Le but de mon travail acharné au violoncelle est d’essayer de me rapprocher un jour de l’émotion pure, charnelle, tellurique et généreuse de sa voix.
Jean SIBELUS, symphonie n°2
J’aime cette 2ème symphonie de Sibelius dirigée par Bernstein pour deux raisons. La première : Bernstein évidemment. Pour son charisme légendaire qui le fait devenir et se transformer en la musique qu’il dirige, et la manière dont il la communique à son orchestre et son audience.
J’ai écouté ses symphonies de Malher en boucle pendant mon adolescence. Avec Bernstein, cette musique merveilleuse élargit l’âme et la fait se perdre, se tordre, pour finalement trouver la lumière au gré des mouvances, des élans dramatiques ou des suspensions de l’œuvre.
L’autre raison est cette symphonie n°2 de Sibelius, particulièrement son dernier mouvement, absolument magique. Je l’ai découverte après avoir joué le concerto de Lalo avec Mikko Franck et l’Academia Santa Cecilia, en deuxième partie du concert. J’ai rejoint mes parents dans la salle et je n’oublierai jamais ce moment : l’émotion d’un grand concert est encore plus forte lorsqu’elle est partagée !
Franz SCHUBERT, Quintette à 2 violoncelles
Le quintette de Schubert est l’œuvre que j’emporterais sur une île déserte, tout simplement. Et cette version est extraordinaire pour moi, car elle réunit des gens que j’aime : le quatuor Ébène, un des plus grands quatuors de tous les temps, et Frans Helmerson, mon professeur chéri, auprès de qui j’ai étudié et tant appris en Suède et en Allemagne pendant de longues et merveilleuses années.
Fazil SAY, Instanbul Symphony
J’ai découvert la première symphonie de Fazil Say après l’avoir rencontré aux Victoires de la musique, en 2014, et je me souviens de mes larmes d’émotion en regardant cette vidéo : j’ai été bouleversée par cette alliance, symboliquement si pleine de promesses, d’un grand orchestre allemand, fort de son héritage occidental, et de solistes aux instruments orientaux. Ces deux mondes que Fazil Say unit dans cette œuvre sont à l’origine de mon envie de jouer et défendre sa musique. »
Retrouvez la playlist de Camille Thomas sur notre chaîne YouTube et sur Spotify !