AccueilSpectaclesAvec "Crésus", Johannes Pramsohler touche le Pactole

Avec « Crésus », Johannes Pramsohler touche le Pactole

OPÉRA – La saison 20.21 de l’Athénée Théâtre Louis-Jouvet s’ouvrira le 30 septembre avec une nouvelle production : Crésus, un opéra rare du compositeur baroque Reinhard Keiser, dans une mise en scène de Benoît Bénichou. L’Ensemble Diderot assurera la partie musicale. Nous avons rencontré son directeur musical, le violoniste Johannes Pramsohler.

Cette production fait re-découvrir Reinhard Keiser. Qui est-il donc ?
Peut-être le plus grand compositeur d’opéras de l’époque baroque de Hambourg, Keiser (1674-1739) a eu les mêmes maîtres que Bach. Pourtant, en son temps, il n’est pas considéré comme un grand compositeur d’opéra. On lui préférait Telemann ou Hasse. En 1730, date de création de Crésus, l’opéra était en plein développement dans cette partie Est de l’Europe : l’on commençait à remettre en question le modèle vénitien et napolitain. Keiser est un précurseur. Il teste beaucoup de choses dans sa musique, ce qui fait la richesse de ses partitions aujourd’hui. Loin du schéma air-récitatif-air-récitatif, il montre dans les mélodies, l’instrumentation et la vivacité d’écriture, un talent égal à celui de Haendel – voire peut-être plus aventureux. Avec Keiser, on ne s’ennuie jamais !

Qu’arrive-t-il à Crésus ?
On connaît les expressions « Riche comme Crésus » et « Toucher le Pactole » mais rarement la légende. Crésus est un roi de Perse qui puise sa richesse dans le fleuve Pactole. Il doit faire la guerre à son voisin qui veut son argent. Sur ce drame reposent des petites histoires d’amour, comme celle de Atys, le fils de Crésus qui est muet… ce qui pose problème quand on est un compositeur ! Reinhard Keiser a donc inventé un serviteur qui chantait à sa place. Nous avons changé la trame de Crésus pour la simplifier et réduire le nombre de protagonistes (de 13 à 9 rôles). Pour s’exprimer, Atys danse. Mais il se remettra à parler pour sauver son père.

Que pouvez-vous nous relever de la mise en scène de Benoît Bénichou?
Reprendre la légende du roi Crésus est l’occasion de réfléchir à l’avidité. L’un des personnages de l’opéra est un philosophe qui met en garde contre les conséquences morales de la quête de richesses. Benoît Bénichou évoque sans se cacher Donald Trump. Comme lui, nous aspirons tous – ou presque – à être riche, à posséder un palace, à commander sur Amazon sans réfléchir… Toutes les religions du monde dénoncent le culte de l’argent. L’art peut aussi nous permettre d’y réfléchir. D’un autre côté, l’art vit aussi beaucoup des riches et nous jouons pour des gens qui ont de l’argent. Pourtant je n’ai pas le sentiment de ne jouer que pour les riches. Il faut casser l’idée que c’est propre à la musique classique : un concert pop coûte une fortune !

Pourquoi avoir nommé votre ensemble, l’Ensemble Diderot ?
Avec ses musiciens, nous nous sommes retrouvés sur l’envie de faire entendre les musiques qui ont influencé J.S. Bach. Notre forme de prédilection est par exemple la sonate en trio. J’ai pensé à Diderot, auteur de l’Encyclopédie, car il incarne une époque et une ambition de chercheur. Et plus notre ensemble avance en âge, plus je me rends compte que l’idée d’encyclopédie est au cœur de notre travail : comprendre qui sont les compositeurs et établir une cartographie des œuvres.  Avec l’Ensemble Diderot, nous partons de la deuxième version de Crésus, datant de 1730 et en proposons une nouvelle édition à partir du manuscrit original.

Du 30 septembre au 10 octobre au Théâtre de l’Athénée à Paris. En savoir plus ici.

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