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Une journée avec Thibault Cauvin

REPORTAGE – La carrière de ce guitariste classique explose. Entre un CD Vivaldi et des concerts à la Tour Eiffel, il revient se poser dans son Sud-Ouest natal. Rencontre.
La maison de Rembrandt à Amsterdam, le jardin botanique de Singapour, la Cité des guerriers enfouis en Chine et la Tour Eiffel. Le guitariste Thibault Cauvin entame en 2017 son « Magic tour », une tournée dans des lieux de concerts insolites. Depuis quinze ans, ce prodige de la guitare classique, né à Bordeaux en 1984, parcourt le monde. Régulièrement il revient sur sa terre natale pour se poser… se poser ? Pas vraiment. Récit d’une journée avec un hyperactif.
Aux aurores
« Je suis un lève-tôt quelque soit le programme de la journée : concert ou surf ! » Telle est l’alternative des petits matins avec Thibault Cauvin. Si le guitariste n’a pas de concert à Shanghai, La Rochelle ou La Havane, on le trouve le plus souvent à Lacanau, dans l’océan. « Pas de petit déjeuner ! Je retrouve mes amis surfeurs sur la plage. Les meilleurs vagues se prennent au lever du soleil. Dès qu’il pointe, c’est parti pour au moins deux heures de surf. Je m’y suis mis il y a quatre cinq ans. Le surf m’a beaucoup aidé à prendre de la distance avec la vie d’artiste, les concerts, les voyages, les enregistrements, etc. Quoiqu’il arrive, tu oublies tout dans l’eau. C’est une force terrible. »
thibault-cauvin-surf-s-cohen9h, sur la plage de Lacanau
« Le plus dur est de définir quelle sera la dernière vague… Celle que tu ne prendras jamais ! » Equipé d’une montre amphibie, Thibault Cauvin quitte sa combinaison pour un jean et des tongs, même quand le temps pousse la plupart des gens à porter des chaussettes. Pas de bagage. Il n’a que sa guitare dans une grande boite blanche décorée de quelques autocollants souvenirs de très nombreux voyages. Direction ? L’aéroport de Bordeaux/Mérignac, en trombe.
10h, vol Air-France Bordeaux/Mérignac-Paris
« Quand je suis dans une ville où je ne peux pas surfer, à l’étranger pour un concert ou à Paris, je me lève tout de même très tôt pour travailler ma guitare. » Thibault Cauvin est le seul musicien au monde à avoir remporté 36 prix internationaux, avant l’âge de vingt ans. Une bête à concours. Un obsessionnel de la six cordes ! « Je ne fais pas de gammes à proprement parler. Adolescent je jouais sans arrêt, c’était terrible. J’adorais le côté sportif des concours. J’ai trouvé le surf pour remplacer (rires). Puis, j’ai ralenti le rythme car j’avais des concerts, donc des voyages. Je culpabilisais beaucoup. Aujourd’hui j’assume de ne pas travailler. Plus les années passent, mieux j’assure musicalement. J’ai des facilités, j’en profite. J’ai une chance énorme par rapport aux autres guitaristes… et c’est un milieu très concurrentiel. »
13h, Paris, un restaurant près des Champs-Elysées
Arrivé à Paris, Thibault Cauvin saute dans un taxi pour retrouver « Sam », alias Samuel Cohen son manager, son ami, co-équipier dans cette grande aventure d’une carrière internationale de guitariste classique. Rendez-vous dans un « troquet » parisien typique, tenu par… une famille chinoise. « Ca ne paye pas de mine mais c’est délicieux, nous promet Samuel Cohen. Autour d’une côte de bœuf-frites, on parle de stratégie musicale, des retours positifs sur le dernier disque Vivaldi (Sony) et de « la Tour Eiffel », comprenez les concerts que Thibault donnera fin janvier dans une salle située au premier étage de la Dame de fer. « Au départ ce n’est pas une salle de concert, explique Samuel Cohen, c’est un studio télé. Mais Johnny Hallyday a fait un concert là-bas en 2013, je me suis dit « Pourquoi pas nous ? » ». « Nous » est le pronom favori des deux copains. « J’ai toujours plein d’idées et d’envies, confie Thibault Cauvin. Samuel a le talent pour les réaliser ! Nous travaillons à l’ancienne comme jadis un artiste et son impresario. » Chose rarissime dans le milieu musical classique, Samuel Cohen n’est l’agent que du guitariste. « C’est très fusionnel, explique Thibault. C’est une aventure en duo comme deux potes qui lancent un restaurant ou une appli. Si j’avais été tout seul je n’aurais jamais tout cela. C’est plus fun avec lui. »
15h. En Skype avec Philippe Cauvin
« L’après-midi est consacré à la guitare, surtout si j’ai surfé le matin. Je réfléchis à des programmes de concerts ou de disques, je regarde des partitions que des compositeurs m’envoient. Je fouine. Je regarde des vidéos sur le net. Quand un enregistrement se profile je travaille les pièces du disque. L’apprentissage de la guitare est plus long que pour beaucoup d’autres instruments. La recherche du bon doigté prend un temps fou car pour obtenir une note, il y a d’infinies possibilités de placement des doigts sur la corde. Je suis très maniaque… » Ce travail est réalisé via Skype avec Philippe Cauvin, père de Thibault, guitariste professionnel et compositeur. Depuis Bordeaux, le directeur artistique de Thibault Cauvin donne son avis. « Avant de choisir une pièce, je l’appelle, raconte le fils. Je ne prends aucune décision artistique sans lui. Parfois on s’engueule ! Même si j’ai toujours le dernier mot, le fait de devoir le convaincre me rassure. Il est un peu fou sur beaucoup de choses mais sur le travail il est toujours à 100% (rires). » Les jours de concert, Thibault part souvent se balader dans la ville, « prendre le pouls de la vraie vie ».
17h30. Bricolage en loge
Même s’il ne commence à jouer qu’à 20h, Thibault Cauvin arrive très tôt dans la salle. « Dans ma loge je change trois cordes, les trois graves, pour que le jeu soit plus agressif. Je les use beaucoup. Les plus aiguës je ne les change que tous les deux trois mois. Je m’accorde. Je me calme. » Pas de trac chez ce perfectionniste mais une grande concentration : « J’éprouve une sensation d’excitation qui n’est pas déstabilisante… c’est comme quand tu vas offrir un cadeau à quelqu’un. Tu as juste un peu peur que ça ne lui plaise pas. »
20h Concert
« Quand je joue je ne pense à rien. Je n’atteins cet état qu’en concert. La mémoire et technique : tout est prêt. Je rentre en transe… Des fois je m’embarque moi-même (rires) ! La magie est là : je joue des pièces qui ont 300 ans et j’ai le sentiment de les improviser. »
23h Après concert.
Séance de dédicaces de disques. « J’aime rencontrer les gens, vérifier que les clichés ont du vrai : en Asie les filles sont super timides mais prennent plein de photos ; aux États Unis on te parle plus simplement, etc. Ces échanges sont une forme de retour même si personne ne fait la queue pour me dire qu’il n’a pas aimé le concert (rires). Pourtant certains font passer des messages. » Thibault dine dans un bon restaurant choisi par les organisateurs du concert avant de rejoindre son hôtel. « J’aime ce contraste d’être seul après un concert. Ce plaisir de marcher dans le couloir. Port, aéroport, hôtel, les lieux de passage me fascinent. D’ailleurs je n’ai pas de maison, pas de chez moi. C’est une quête de liberté. »
affiche_173154-thumb53700-1465400392Prochains concerts :
– 10 et 11 Janvier, 20h30. La Coursive de La Rochelle. Complet. 05 46 51 54 00.
– 20 janvier. Showcase et rencontre à la Librairie Mollat à Bordeaux. 18h, Station Ausone.
– 21 janvier Arcachon, 20h45, Olympia, 15 à 20 €. 06 08 31 30 84.
– 28 janvier à 18h et 21h, Tour Eiffel (1er étage). 60 €. www.weezevent.com
– 2 Février 20h30. Le Pin Galant. 10 à 32 €. 05 56 97 82 82.
– 16 avril 18h. Biarritz au festival Les Beaux jours. 05 59 22 44 66
 
 
Article après dans Sud Ouest Dimanche 8 janvier 2017.

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