AccueilA la UneA l’Orchestre de chambre de Paris, une académie de jeunes compositrices

A l’Orchestre de chambre de Paris, une académie de jeunes compositrices

REPORTAGE – L’Orchestre de chambre de Paris a mis en place cette année une académie dédiée aux compositrices. Volontairement non-mixte, elle permet à quatre jeunes femmes issues des conservatoires régionaux de bénéficier durant deux ans d’une immersion totale dans l’univers de l’orchestre.

Naviguer dans les mystérieux couloirs de la Philharmonie de Paris est déjà une aventure. A proximité de la scène et de la technique de la grande salle Pierre-Boulez, une plus petite salle au parquet qui grince est surplombée d’une estrade. Ce 12 novembre 2021 s’y fait la rentrée de l’Académie des compositrices, tout nouveau laboratoire musical, à l’initiative de l’Orchestre de chambre de Paris (OCP). L’objectif : promouvoir la parité dans la musique classique et accompagner quatre jeunes femmes issues des conservatoires à rayonnement régional (CRR) durant deux ans afin de les initier à la composition d’orchestre.

Mise en jambe autour d’un premier atelier d’écriture dédié aux cordes : les quatre académiciennes, Ana Meunier, Farnaz Modarresifar, Haeun Choi et Selim Jeon, sont accompagnées d’un quintette de musiciens de l’OCP. Ensemble, ils travaillent des esquisses de partitions, sous l’œil des compositeurs et parrain-marraine de la formation, Thomas Lacôte et Clara Olivares.

© Céline Kumbruck
Deux ans

Les premiers échanges entre les musiciens et les académiciennes, impressionnées certainement, sont timides, avant de se détendre en fin d’atelier. Le groupe de travail s’articule autour d’un échange respectif et d’entraide : confronter l’écriture musicale naissante à la lecture des interprètes. « Ce moment m’a rassurée musicalement. La musique, on la pense d’abord dans notre tête et il faut ensuite la retranscrire correctement à l’écrit, ce n’est pas toujours simple », explique Ana Meunier en fin d’atelier.

Cette première session ouvre deux années dont on ne doute pas qu’elles seront riches d’apprentissages et de découvertes. Totalement immergées, les compositrices vont pouvoir décortiquer toute la sociologie de l’orchestre : comment se compose l’équipe artistique ? S’organise la production, la régie ? Quel est le rôle de la bibliothèque ? Elles pourront ainsi se former aux règles particulières de la composition symphonique. Un avantage et pas des moindres pour les quatre futures consœurs : les orchestres sont des gros paquebots avec des centaines d’éléments humains et matériels à prendre en compte.

L’objectif final de ces deux ans : la commande de quatre pièces pour orchestre, dirigées par le directeur musical de l’Orchestre de chambre de Paris, Lars Vogt, au Théâtre du Châtelet à Paris.

Où sont les compositrices ? Notre dossier
© Céline Kumbruck
Intermédiaire

En résidence à l’Orchestre de chambre de Paris, la compositrice Clara Olivares porte également ce projet de formation et assure un rôle d’intermédiaire entre les académiciennes et les musiciens. « Mon rôle est aussi essayer de comprendre l’idée esquissée par la compositrices. Si je sens qu’une belle chose se passe à une mesure, je vais glisser deux ou trois idées pour les encourager ou aider à porter leur travail. »

La compositrice prend à cœur la dimension sororale d’un tel projet : « La transmission entre compositrices est hyper importante, assure t-elle. Il faut savoir donner confiance, apprendre aussi à ces futures professionnelles à donner des directives, à décider et imposer leurs choix… En classe de composition, les femmes sont peu nombreuses, et on ressent sans le vouloir une pression supplémentaire, une mise en compétition forcément plus forte avec les hommes. »

Lire également : « Si Clara Schumann avait eu la pilule… »
Non-mixité

« Nous avons fait le choix de la non-mixité, assume Nicolas Droin, directeur général de l’OCP. On estime que les femmes représentent 10% dans le milieu de la composition. Face à un tel déséquilibre, nous avons pris le parti d’ouvrir cette première académie uniquement aux compositrices. Mais peut être qu’un jour, on ouvrira une académie mixte, ce n’est pas un choix figé. » Ce projet s’inscrit dans la volonté de l’orchestre de « ne pas être une formation muséale, qui n’interprète que des partitions anciennes. L’orchestre peut interroger sur les lignes de front de la société : la parité, la diversité… On se doit de parler à tout le public. »

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